Vouée toute entière à son attachement à la Provence, Jacqueline Lardinois, fidèle jusqu’à la ferveur à son univers de prédilection, nous fait voir ici sa vision, ô combien originale, des grands paysages de collines et de soleil.
Ardennaise par la naissance (Barvaux-sur-Ourthe, 1932), Hennuyère par la formation, Africaine par le destin,
Brabançonne par choix, Vauclusienne par la grâce de Dieu, Et tant qu’à faire, Erquennoise par son presbytère
Son indépendance lui permet d’échapper comme par illusion aux conventions chromatiques autant qu’à toute théorie, malmenées par l’exaltation d’une palette libre et sonore. La construction par la couleur et l’organisation spatiale de l’observation, leur conceptualisation, sont basées sur le sentiment de plénitude qu’offre l’ordonnancement naturel du motif.
Le découpage des plans, leurs capricieuses ondulations, l’équilibre des contrastes, la quasi-frontalité privilégiée de la composition, la permanence de certains éléments tabous, le moutonnement des lointains, la franchise des tons et leur interaction sont l’expression d’une vision poétique, donc libérée, d’une vaste province lumineuse.
Des jaunes très chauds aux safrans et aux ocres apaisés, des rouges rayonnants aux orangés bénéfiques, des bleus lyriques aux mauves pâlis, l’assemblage des couleurs manifeste l’émerveillement subjectif de la réalité.
La topologie, l’ordre humain des choses, leur cadastre parfaitement défini, affirment sur la toile leur complexité, proche parfois de l’abstraction. Ils imposent des constructions dont l’harmonie rend hommage au calme des glèbes, des champs de lavandes, des vergers et à la sérénité des villages fameux et longtemps assoupis.
Son style en témoigne, Jacquelines Lardinois entend bien rester elle-même.
J.P. Hanarte
